Paris n'a jamais été aussi proche des projecteurs de Broadway que lorsque Jerome Robbins, figure emblématique de l'Amérique, a été invité à l'Opéra de Paris par George Balanchine et Rudolf Noureev. Aujourd'hui encore, plus d'un demi-siècle plus tard, l'impact de l'art de Jerome Robbins, ses amitiés chères et le pur plaisir qu'il a apporté à Paris continuent de rayonner. Dans les années 1970 et 1980, peu de célébrités pouvaient surpasser Robbins dans la capitale française. Il s'est profondément attaché à l'Opéra de Paris, dont il a fait sa deuxième maison, après le New York City Ballet. Grâce à la playlist qui accompagne cet article, vous pourrez découvrir les musiques qui ont enrichi la chorégraphie de Robbins lors de son séjour parisien, ainsi que les œuvres utilisées par d'autres chorégraphes accomplis qui ont fréquenté la scène de l'Opéra de Paris.
Tout a commencé à la fin des années 1950, lorsque Jerome Robbins s'est embarqué pour une tournée européenne avec sa compagnie de danse, Ballets : U.S.A. À cette époque, George Balanchine, qui s'était déjà établi à Paris dans les années 1920 et 1930, était le maître incontesté du ballet néoclassique. Ses œuvres, comme Apollon musagète, mêlent harmonieusement le ballet classique, la mythologie grecque antique et des éléments de jazz. Balanchine, qui résidait et travaillait également à New York, avait chorégraphié des comédies musicales de Broadway écrites par des compositeurs renommés tels que Richard Rodgers, Lorenz Hart et Vernon Duke dans les années 1930 et 1940.
Jerome Robbins tenait Balanchine en grande estime, et cette admiration était réciproque. À Paris, Robbins, nouveau venu sur la scène, a suivi les traces de Balanchine et s'est rapidement attiré le respect et l'affection de la capitale française. En reconnaissance de sa contribution significative et durable aux arts, Jerome Robbins a été décoré du titre de Chevalier de l'ordre des arts et des lettres en 1964, une distinction réservée à certains artistes étrangers dont l'impact sur leur domaine "transcende le temps".
En 2018, pour célébrer le 100e anniversaire de Jerome Robbins, l'Opéra national de Paris a inscrit à son répertoire son ballet fantaisiste à l'esprit typiquement américain, Fancy Free. La production mettait en scène Dorothée Gilbert et Paul Marque dans les rôles principaux, rendant ainsi hommage à l'héritage durable de Robbins.
Mais Jerome Robbins n’est pas le seul chorégraphe étranger à avoir jeté son dévolu sur la célèbre compagnie parisienne, dont le nom est encore fortement associé à celui du danseur étoile russe Rudolf Noureev, qui en prit la direction dans les années 80 après avoir fait défection du régime soviétique lors d’une tournée du ballet du Kirov… à Paris ! Anecdote amusante : en 1989, Rudolf Noureev accepte de danser et de tourner avec la production de Robbins de The King and I pendant 24 semaines en attendant le renouvellement de son contrat avec l'Opéra de Paris !
Les ballets de Noureev continuent de jouir d'une immense popularité à ce jour, chaque saison présentant au moins un de ses chefs-d'œuvre intemporels. Cette saison, l'Opéra national de Paris présente d’ailleurs encore trois classiques intemporels dans la chorégraphie de Noureev : Casse-Noisette, Don Quichotte et Le Lac des cygnes.
Cependant, la célèbre maison de ballet ne se contente pas de présenter les classiques ; elle met également un point d’honneur à inviter d'autres chorégraphes contemporains étrangers, qui font partie intégrante de ses programmes saisonniers depuis de nombreuses années. Tout comme Jerome Robbins, les visionnaires Maurice Béjart et Pina Bausch, régulièrement présentés sur la scène parisienne, partagent deux qualités remarquables : l'intemporalité et l'universalité. C'est cette fusion d'éléments qui a la capacité unique de séduire les publics de tous âges, les entraînant dans le monde enchanteur du ballet. Cette saison, d’autres éminents talents internationaux comme Ohad Naharin, Alexander Ekman, Anne Teresa De Keersmaeker, Crystal Pite, Martin Chaix et Jiří Kylián complètent ce tour du monde chorégraphique.
Car l'Opéra de Paris est depuis longtemps engagé dans des collaborations internationales, et nombre de ses anciens élèves occupent aujourd'hui des postes de premier plan à l'étranger. Des personnalités comme Manuel Legris, qui dirige actuellement la compagnie de ballet du Teatro alla Scala à Milan, en Italie, et Nicolas Le Riche, qui dirige le Ballet royal de Suède à Stockholm, en Suède, contribuent ainsi au rayonnement mondial du ballet et de la culture française.
Ouvert sur le monde et sur la modernité, de la grandeur du Boléro de Maurice Béjart à la mélancolie poignante du Café Müller de Pina Bausch, en passant par la vivacité délicieuse du Concert de Jerome Robbins, le Ballet de l’Opéra national de Paris, institution chargée d'histoire, de tradition et d'innovation, donne ainsi constamment vie à toute la gamme des émotions et des expériences humaines sur sa scène monumentale.